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     Bigarade : La compagnie de fine literie écoresponsable québécoise. 

    Que représente pour vous le sens du mot « succès » ? Pour Geneviève Lorange, fondatrice de Bigarade, cela signifie avoir un niveau d’impact influent pour l’environnement.

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    C’est une histoire de famille, passionnée de textile. Pour expliquer ce que représente la philosophie de la compagnie, il nous faut remonter à l’enfance de Geneviève.

    Son grand-père était fourreur, sa grand-mère couturière. Passionnée de courtepointe, elle recyclait tous les morceaux de tissus qu’elle trouvait. Vieux vêtements, rideaux, elle les découpait en petits triangles et carrés pour les assembler. Une technique qui demande beaucoup de précision et que l’on ne peut industrialiser.

     

    « Ma mère conservait pour ma grand-mère, une boite de retailles de tissus dans ma chambre de bébé. Lorsque je commençais à ramper, elle me laissait explorer la pièce. J’ai retrouvé une photo où l’on me voit, souriante, avec un bac de tissus, et des morceaux partout autour de moi. À partir de ce jour, elle m’a décrite comme une passionnée de textile. Plus tard, je volais ses jupons, c’était doux. La sensation du toucher des matières m’a séduite en premier. Ma grand-mère m’a ensuite appris à coudre la courtepointe quand j’allais au chalet, avant même d’être scolarisée. »

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     « J’ai appris à coudre avant de faire du vélo. »

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    Une passion ancrée dans la mémoire

     

    « Mes premières créations étaient sûrement des vêtements de poupées Barbies. Je faisais mes coussins pour décorer ma chambre, j’ai toujours eu un faible pour le textile d’intérieur. J’ai fait ma propre robe de bal, ainsi que celles de mes amies. »

     

    Nous avons tous un souvenir relié à une sensation. Une odeur qui nous rappelle quelqu’un, une chanson qui nous évoque une époque. Pour Geneviève, le toucher des matières est relié à ses souvenirs d'enfance. « La soie m’évoque les jupons de ma mère. À trois ans, je me suis cassée le bras, pour m’emmener à l’hôpital, elle m’a enroulé l’un de ses jupons autour du bras, elle savait que c’était le meilleur moyen de me réconforter. »

     

    Depuis, Geneviève aime les matières naturelles, celles à l’état le plus brut possible. En créant Bigarade, elle s’est donnée pour mission de les promouvoir, dans une démarche durable et une transparence impeccable. « On aime la technologie. Dans le textile, il y a des matières fascinantes comme le Gore-Tex. Cependant je ne pourrais pas dormir sur mes deux oreilles si je devais produire ce type de vêtements. Les textiles techniques sont dérivés du pétrole, ils finiront un jour dans la poubelle et prendront 500 ans à se dégrader. »

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    L'atelier où se déroule les cours de coutures.
    Geneviève et son frère Jean-Philippe.

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    « Je porte une robe en laine, c’est plus rude, plus brut. J’aime l’histoire de la matière organique, acheminée jusqu’au processus final. Un vêtement qui prendra toute sa valeur dans notre garde-robe.

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    Dans l’industrie du « fast-fashion », les vêtements ne durent pas et c’est frustrant. N’avez-vous jamais passé du temps à magasiner un beau chandail, pour finalement le retrouver complètement détérioré au bout de quelques lavages ? Chez Bigarade, on voit l’évolution du textile de la même manière que le vin. « Dans dix ans, ces matières n’auront pas bougé, la sensation de douceur au toucher sera la même. »

     

    L’industrialisation nous a fait perdre le contact avec les objets, et la dévaluation de leur valeur en a découlé. « On prend conscience de la valeur d’un vêtement lorsqu’on sait qu’une personne l’a travaillé de ses mains pendant plusieurs heures. Et nous les conservons longtemps parce qu’ils ont un sens. »

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    Profondément Québécois

     

    Geneviève a fondé la compagnie il y a deux ans. Depuis, son frère et sa mère l’ont rejoint. Pour cette famille, la fabrication locale ne s’arrête pas à l’atelier de confection. Il s’agit aussi de contrôler la provenance de la matière première. « C’est la difficulté pour une compagnie lorsque qu’on souhaite une identité 100% locale. Au Québec, le défi est de trouver des compagnies qui résistent encore. Beaucoup d’éleveurs de moutons jettent leur laine parce qu’il n’y a personne pour la récupérer. Beaucoup de compagnies locales, qui la tissaient, la teignaient et la filaient, sont en train de fermer. Cette industrie est en train de se perdre. »

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    « Mon but est de travailler le plus local possible, dès le début de la chaine de production. »

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    « Je travaille un objet dans sa forme brut, Vincent lui amène le raffinement, les finitions. »

     

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    « Actuellement notre laine est faite ici, nos fermetures éclair sont faites spécialement pour nous, dans une manufacture québécoise. J’essaye d’avoir la meilleure traçabilité sur chaque produit. » Montréal était une plaque tournante du textile : les compagnies québécoises desservaient toute l’Amérique du Nord. Depuis la mondialisation, le marché est en déclin. Geneviève travaille avec des fournisseurs dont les propriétaires approchent les 70 ans. « Ils ont des machines qui datent des années 40. J’adore aller les voir ! Ils exercent des pratiques qui n’existent quasiment plus ici. Quand je vais dans les marchés, j’essaye de partager ces fabricants le plus possible avec les autres créateurs. Le problème c’est qu’il n’y a pas de relève pour ces personnes qui commencent à envisager la retraite.»

     

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    « Pour que la création locale ait un avenir, il faut encourager les matières premières d’ici. »

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    « En ce moment il y a une effervescence de créateurs très positive. Pour autant, il faut garder en tête que c’est la chaine d’approvisionnement qui aura un impact fort sur l’environnement. »

    Pour Geneviève et sa famille, Bigarade est une réponse à la mondialisation. « Nous entrons dans une guerre d’identité : je pense que c’est la fin des marques vides qui ne nous identifient à rien. Notre identité se définit par nos valeurs. Je prends en exemple Patagonia, qui met en avant l’équité et l’environnement. »

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    En voir plus
    La boutique de la rue Sainte-Catherine E.

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    « Il faut un fou pour partir une entreprise et un sage pour la faire évoluer. »

     

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    « Le sage c’est mon frère, la folle, c’est moi. » Geneviève a choisi d’ouvrir une boutique de literie dans Hochelaga en suivant son cœur, ses émotions, et c’est pour cette raison que cela fonctionne. « On ne lance pas un un magasin de literie dans Hochelaga en croyant devenir millionnaire. On le fait parce qu’on croit de tout cœur que c’est une initiative qui a du sens. »

     

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    « Dans ma famille, nous avons choisi l’entrepreneuriat pour répondre à un besoin, et nous y répondons avec des émotions. »

     

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    Avec des procédés de fabrication aussi responsables, on peut se permettre d’être sincère. Ce qui fait la force de cette entreprise familiale, c’est la relation avec leur communauté. « Je communique nos difficultés sur les réseaux. Dans les moments où j’ai fait mes plus grosses erreurs, lorsque j’étais à bout, j’ai senti le besoin de me livrer à cœur ouvert pour expliquer les problèmes auxquels nous devions faire face. Les retours ont toujours été positifs. J’ai été surprise de constater autant d’empathie et de compréhension lorsque je donnais une transparence totale sur les réalités de l’entreprise. »

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    La famille Lorange dans l'atelier de fabrication.
    Geneviève Lorange.

    Quelles sont vos créations favorites?

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    « C’est sûr que la housse de couette Bigarade a une place spéciale dans mon cœur. Il s’agit d’une création 100% locale, de la matière première qu’un fournisseur montréalais fabrique spécialement pour nous à partir de mes dessins, à l’assemblage dans notre atelier d’Hochelaga. Elle est unique au monde, autant par ses propriétés que son apparence. Notre modèle le plus populaire est le Delson, qui représente au moins 25% de nos ventes. Le gris foncé est bien à la mode en ce moment! Mais nous fabriquons aussi des housses de couette blanches, crèmes, bleues marines, taupes et grises pâles, à partir du même matériel.

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    Quel conseil pour les jeunes passionnés de textiles qui souhaitent se lancer en affaire ?

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    « En partant du principe qu’il y a toujours des contraintes dans ce que l’on entreprend, le plus important est de bien les connaître, pour arriver à les surpasser et rendre son projet viable. »

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    « Créer à partir d’une contrainte amène à l’innovation. »

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    Quel est votre regard sur l’avenir ?

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    « Je voudrais avoir la chaine de production la plus parfaite possible. Développer de nouveaux produits dans une démarche de simplicité et de durabilité. Il n’y a encore pas si longtemps, nous recevions plus de commandes que ce que nous étions capables de produire. Cela était dû à notre méthode de production très artisanale. Les délais de livraison étaient nos plus grands défis. Aujourd’hui nous avons réussi à conserver nos procédés artisanaux, en nous structurant et à augmenter le rendement. Nous souhaiterions à présent nous étendre le plus possible. »

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    "La housse de couette Delson"

    Merci beaucoup famille Lorange !

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    Nous avons été inspirés par votre détermination, votre énergie et votre mission !

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    Visitez le site de Bigarade & l'atelier boutique de Montréal.

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